08/11/2010
La légende de Penthée
La légende de Penthée correspond à une époque bien archaïque de la pénétration et de l’établissement du divin dans la manifestation. « de la hauteur où il est posté, Penthée est précipité à terre !!"
Pourquoi émet-il des cris plaintifs ? -Car la nature divine ne demande qu’à retrouver son plan divin, mais cet établissement s’apparente encore à celle d’une chute.
« Il se hâte d’arracher de sa chevelure sa mitre » - Ceci pour bien montrer qu’il est encore un principe divin, mais sous son aspect le moins éthérique, le moins subtil, jusqu’à être un principe divin qui alors s’ignore.
Il faut savoir que deux principes s’opposent :
Sémelé Dionysos : Alchimie de l’aspect dynamique du principe divin porté par la destinée, allié au principe actif du feu divin dans la manifestation. Sémelé, une des filles de Cadmos et d’Harmonie(qui donna le jour à Dionysos) signifie « l’âme qui brûle ses ailes » : principe féminin divin dans la manifestation, les bases même de ce principe divin en l’homme mais non encore exalté par l’esprit.
Agavé Penthée : Aspect plus statique du principe divin, plus conservateur, moins éthérique, humide, sensitif(honneur à Bacchus ou bacchos, manifestation de Dionysos, un plan plus bas, dans la nature.)
Agavé « l’écume à la bouche »(l’écume d’Aphrodite, car il s’agit là de l’établissement du divin sous son aspect humide, féminin, celui d’Héra), les yeux hagards(ceux qui ne voient pas !!) « Agavé possédée du dieu n’écoute pas son enfant » : Ceci pour dire que Agavé est encore pénétrée du principe divin mais « aveugle », dénuée de la lumière de l’esprit. « le trophée de larmes » car il reste à remonter la flamme divine d’où elle s ‘origine. Et en effet, cette forme divine est triste sans le ressort de l’âme. « Agavé revient dans ses murs » : c’est à dire dans son principe divin désormais répandu dans la matière(dans ses murs), « fière de sa proie » car la nature divine dans la manifestation est une bénédiction.
Là encore, il faut savoir que Penthée est un descendant de Cadmos(roi donc initié, qui donna le jour à une lignée de devins = destins)
Lorsque dans la légende de Cadmos, la vache l’emmène à travers la Béotie et se couche à Thèbes, cela veut dire symboliquement que le principe divin sous son aspect humide(de la mère) dans la manifestation a trouvé son terme. Et lorsqu’à Thèbes, il offre la vache en sacrifice à Athèna(l’intelligence divine), cela veut dire que la remontée du feu serpent s’opère à partir de là, remontée aux sources grâce à l’initiation, intelligence divine.
Pourquoi Penthée dit-il « c’est moi mère, je suis ton fils que tu as mis au monde dans la maison d’Echion » - Car Echion est un Spartoi. Il y a cinq spartois : les cinq sens : hommes semés issus des dents du dragon, lui-même descendant d’Arès lui-même ancêtre des descendants de Cadmos. Il possédait une source gardée par un dragon, lui-même tué par Cadmos. Il est donc le roi des devins donc destins.
Toutes les forces divines sont de la partie : « toutes sortes de cris », les autres poussaient des hurlements, les filles de Cadmos, la foule des Bacchantes !! Toutes ont les mains couvertes de sang, esprit divin, le feu est en action.
Dionysos (déguisé en femme) force par la ruse(intelligence divine) le principe divin(statique dans la manifestation) à se joindre au feu (principe divin actif).
Cadmos aide sa fille Agavé à recouvrer la raison. Le devin(destins) destine les deux principes à se rejoindre grâce à l’action convergeante des deux contraires qui sont complémentaires.
Châtiment de Dionysos (volonté divine, feu divin) :« Penthée déchiré par les filles de Cadmos, ainsi que par Agavé, aveuglée par Dionysos(feu en pleine action)sa propre mère » signifie la propagation du principe divin non clairvoyant dans le monde manifesté. « Ses membres gisent épars », « les aiguilles éparses des pins »- ce qui veut dire partout dans la manifestation. « des roches escarpées » - les secrets du feu divin dissimulés. Mais on nous démontre que le principe divin masculin (le feu) est à l’origine de l’action puisque Agavé emmène à Thèbes au sommet d’un thyrse (encore un symbole de l’initiation) ce qu’elle croit être la tête d’un lion. La référence au lion (maîtrise du feu divin) est celle du lion de Némée, une des premières étapes de l’initiation. Athèna (intelligence divine)intervient alors. Les bases de l’initiation sont alors posées. Il faudra attendre l’expédition des sept contre Thèbes pour amorcer la remontée.
Enfin,Cadmos et Harmonie sont transformés respectivement par Dionysos en Dragon et en Serpent, et envoyés aux champs élysées(lieu où seront attendus les initiés). Cadmos en dragon gardien des sources(son état initial) et Harmonie en serpent, car l’harmonie est le cœur de l’initiation dont le serpent est le symbole.
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31/12/2007
DIONYSOS
Dans le mythe Dionysiaque, être frappé de folie ne signifie pas que l’on est fou. On accède là à un plan qui n’obéit plus à la raison telle que la connaît l’homme attaché à ses automatismes, qui n’obéit plus à un système de réflexion tel que le pratique l’homme moderne soumit au règne de l’utilité. On accède là à un autre état de l’être qui suppose une approche nouvelle, aboutissant à une compréhension de soi-même qui nous rapproche des dieux. Son émergence suppose un détachement complet par rapport aux modes de pensées répandus qui obéissent à une impulsion plus intellectuelle. C’est grâce à cet état de l’être qu’il nous est possible d’entrer en contact avec l’inspiration qui nous guide au delà de ce réflexe incontrôlé qui incite l’homme à trouver dans l’égo, le temple idéal pour son âme travestie, dressée pour la figuration. Aussi, lorsque les dieux vous laissent entrer dans cet autre monde (immanent à celui que tout le monde connaît mais plus subtil), s’achève alors l’épreuve initiatique concernée et en commence une autre. Les mythes nous éclairent sur la situation que nous évoquons par les pratiques de purification à l’issue desquelles l’homme peut se voir appréhender le message des dieux dans le miroir de ses propres projections. Purification effective chaque fois que l’on réalise en soi l’impossible ou impensable refonte des clichés bornés du monde explicable, et qui nous fait verser dans cette conscience de ce qu’est l’élément divin si absurde et vain pour l’homme raisonnable.(Dionysos sera purifié par Thétis)
« Etre frappé de folie »(par Héra) dans les mythes, c’est être l’objet d’une exaltation mystique nécessaire pour éprouver d' intenses émotions en son tréfonds et en féconder l'esprit. Aussi, pour être délivré de cette folie, il faut être purifié, c’est à dire être devenu ce vers quoi l’on tend. C'est pourquoi lorsque Dionysos frappe à son tour Lycurgue de folie, on comprend qu'il est alors le maître artisan de cette exaltation et en possession de ce pouvoir sur lui-même. Mais avant d'en arriver là, il manque quelque chose de capital au myste frappé par cette dite folie. En effet, il lui manque quelque chose d’essentiel pour trouver la juste mesure, l’harmonie, pour concilier les courants contraires, tempérer sa nature profonde, comprendre le sens mesuré des choses. Car, dans l’espace consacré à Héra, cette flamme divine qui vient au monde sans avoir été portée préalablement dans son ventre maternel est folie d’où déséquilibre. Car Héra est le lien, le liant entre le divin et son expression. Elle est le divin dans son expression et son réceptacle. (Dionysos a été conçu sans Héra, il est la flamme divine la plus subtile qui n’a vocation qu’à faire retour mais ne le peut sans le concours d'Héra. Hephaïstos, lui, au contraire, a été conçu par Héra sans Zeus, il est donc boiteux, il a un pied dans chaque monde, il est le feu divin dans la manifestation qui a vocation à demeurer ici-bas et ne peut faire retour sans Dionysos. Dionysos a donc pour tâche de le convaincre de remonter dans l’Olympe pour se réconcilier avec sa mère Héra.) Il lui manque donc le baptême de la mère, la purification dans l’élément « féminin »(eau lustrale), sa concrétisation dans la manifestation de vie qui révèle et purifie comme une eau de source à l’issue d’un long cheminement. Dionysos se substitue à l’homme pour bien nous montrer qu’une nature ignée ne peut aller sans le foyer, le sanctuaire, que dire, le lieu où le baptême de l’eau ouvre grand le sésame de la vie, car c’est dans la manifestation que le divin réalise sa raison d’être. Lorsque Dionysos est dit rejeté, c’est pour bien nous montrer que ici-bas, les passions sont maîtresses si l’on a pas l’esprit à la pointure de l’âme. C'est pourquoi lorsque les Ménades (Thyades) accomplissent le sacrifice rituel d'un homme dans l'extase de la sauvagerie et de la joie, c'est en réalité cet aspect morbide de l'homme grossier livré à ses passions incontrôlées dont ce dernier est libéré pour atteindre un état de conscience différent. Mais, me dira t’on, comment pareille essence peut-elle manquer à un dieu ? Tout simplement parce que Dionysos est fils de la mortelle Sémélé!! (Zeus ne s’unissait à elle que dans l’obscurité). L’harmonie est rompue et de ce fait, les équilibres(entre natures différentes) sont mis à mal. L’esprit n’est alors pas équilibré, tempéré, mesuré, adouci par l’aspect divin qui émane d’Héra. L’homme est donc livré à tous les débordements de ses passions d’homme astreint à ses servitudes. Pour lui, il est donc nécessaire de se libérer de celles-ci afin de les maîtriser dans le but de purifier sa nature mortelle, et redorer au soleil d’Apollon son esprit sous l’emprise. Ainsi rétabli l’équilibre, lui est alors possible de rejoindre l’Harmonie divine qui permet l’union spirituelle avec l’âme du monde, dont Héra est le principe, et dont le baptême seul permet à l’émotion de lâcher bride aux divines échappées d’un esprit transformé.
La folie et le délire mystique, indices malins et clins d’œil subtils, nous invitent à méditer sur le sens véritable du mythe de Dionysos. L’expression est en ces termes une symbolique, la reconnaissance par les dieux de cette faculté de l’homme à dépasser son propre état pour accéder à ce qu’il ne saurait naturellement qualifier autrement que par des mots. C’est aussi avoir conscience que ce qui conditionne l’âme ne saurait trouver sa raison d’être qu’à la condition d’être miscible dans sa contraire et complémentaire manifestation pensée, dans la juste mesure d’un équilibre parfait. Pareillement, lorsque des femmes sont saisies d’un délire mystique, c’est pour signifier la nature de cette accession : sur le plan divin bien-sûr, mais celui de la mère, principe féminin, qui siège en la terre, et qui permet à l’esprit de faire retour par et dans la manifestation. L’âme embrase l’esprit, le feu remonte par le canal de la mère, l’initiation a lieu sur terre, en soi et dans cet au-delà d’en soi. « Devenu adulte, Dionysos découvrit la vigne et son usage. Mais Héra le frappa de folie. » La vigne, l’alliance du feu et de l’eau sur terre, détentrice de sa propre magie sur l’esprit, mais que l’esprit a vocation à purifier par l’action de la méditation, qui procure l’inspiration source d’immortalité. En fait, la vigne symbolise l’esprit dans la manifestation. L’ivresse est, elle, l’expression d’une sagesse exaltée. C’est être prêt à accueillir en soi la part que les dieux nous réservent.
La nécessité du retour de l’homme dans la sphère immortelle des dieux, voilà la symbolique du cortège triomphal de Dionysos qui ne trouve d’ailleurs son origine que sur un plan divin. Dionysos, qui ira dans l'Hadès rechercher la mortelle Sémélé, sa mère, au terme de ses multiples épreuves, montre à l'homme qu'il est possible de faire retour. Dionysos, ce dieu mi-homme mi-dieu, dieu intériorisé dans l’homme, deux fois né, élevé par des femmes d’ascendance mortelle, est l’interprète idéal, le cordon ombilical entre l’homme et son origine divine.
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