05/08/2011
Dieu que le monde est... servile
Je me suis souvent abimé face à mes serviles bourreaux. Faute d’être comme eux, vous êtes indéfendable. Ceux qui sont serviles ont le pouvoir et aiment l’exercer avec zèle et sans risques, au plaisir de s’attacher les faveurs de ceux qui font profession de l’être. Vous n’avez alors d’autres choix que d’être en disgrâce. On vous dénie même le droit de revendiquer votre noblesse puisque celle-ci ne fait pas l’objet d’une reconnaissance officielle, et n’est donc pas signée et contresignée par des mains serviles.
Qu’à cela ne tienne, je n’admets pas que mon devenir soit à la merci de la bienveillance ou malveillance souveraine du jugement d’autrui sans être l'esprit maître, gouvernail en mains. A plus forte raison parce que la bienveillance est une putain respectable entre gens serviles. Afin de garder la maîtrise de mon destin, je me prête donc de bon gré à la malveillance naturelle de mes contemporains serviles. Je préfère et de loin ne pas avoir l’avenir doré si communément envié et rester propre, surtout aux chiottes quand personne vous voit. Mais lorsque le décompte des années vous presse de rendre un bilan, force vous est de constater que vous n’avez rien pour éveiller les jalousies. Ce bilan s’imprime alors en vous malgré tout. Inéluctablement, vous finissez par avoir la posture du perdant, par vous couler dans le moule contraignant d'un profil sans saveur, effacé, barré par l'excellence, ébloui par l'adversité magnanime de l'impudique candeur.
Qu’ai-je donc fait pour en être arrivé là ? Le moral est bon, merci. Il faut dire que je suis fidèle à moi-même, et à ma ligne, envers et contre tout. Partant, lorsque je me suis plu à donner du service, je l’ai fait en rejetant toute idée d’un échange en retour, ou d’un retour en échange. Associable ? Non, probe et indépendant. J’ai une haute opinion de moi ? Non, au contraire, mais juste avec moi-même, je n’ai pas à en rougir. Amère ? déçu plutôt!! Enfin, quand le moment fut venu, je m'en suis retourné vers ce que je n'avais jamais quitté, l’anonymat le plus entier, l’oubli le plus total. C’est ça ma vie de réprouvé qui n’intéresse que moi.
Et si je vous disais qu’avec tout ça j’arrive à être drôle ? Toute proportion gardée!! Il y a quelque chose qui ne colle pas n’est-ce pas ? Non, ça ne colle pas en effet, car je refuse que l’on me colle une étiquette. Trop facile de m'imposer l’image d’un triste sire aigri et amère en mal de reconnaissance. Celui qui va au front n’a pas la paix. Cela ne fait pas de lui une tombe!! Un soldat qui rentre du front doit-il avoir honte de montrer ses blessures ?
Dans l’absolu, je préfère vivre reclus dans mon inspiration, que vendre des best-sellers sans l’avoir. J'écris sur la toile, je jette mes feuilles au vent, je jette ma bouteille à la mer, je n'attends rien. Ca m'évite au moins les conversations insipides qui tuent l'esprit, pour seul désir de plaire!!
11:05 Publié dans Faits de société | Lien permanent | Commentaires (0) |
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