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08/07/2010

L'amour tue l'amour

L’amour a cela de terrible qu’il vous découvre des pouvoirs aussitôt inopérants tant les besoins sont grands. Désertant les sanctuaires où je ressourçais mon âme, je faisais de la chair de ma chair la raison d’être de mon esprit empressé. J’étais prêt à sacrifier un dieu pour un fils, et ce sacrilège pouvait bien me coûter l’éternité. J’étais prêt à porter au ciel un amour profane en vertu duquel les dieux eux-mêmes sacrifieraient à la nécessité d’en faire un divin pèlerinage. Je devais me transcender le plus naturellement du monde. Passer du nain besogneux à l’elfe merveilleux.  Trouver dans l’étoffe du géant les moyens de se couper de tout besoin pour les besoins d’un amour insatiable. Mais encore, donner de l’homme le plus commun, le divin exemple d’une ouverture sans réserve, afin que l’âme s’ouvre d’emblée aux perspectives futures d’un rayonnement permanent, pour satisfaire aux exigeances à jamais insatisfaites de l'amour pressant. Mais cet amour exclusif a rendu mon âme anxieuse. Et je crois que les dieux ont voulu me faire comprendre que rien ni personne, en ce monde ou ailleurs, ne pouvait prétendre à plus d’offrandes qu’eux. Ils m’ont démontré que mon amour était vulnérable, aliéné, fiévreux, infirme. Que mes prétentions ne pouvaient hisser l’étendard victorieux au delà d’un ciel, au regard de mon incapacité à associer les divines manifestations latentes à mes transports lestés par le temporel diktat de mes abnégations. Ils m’ont dit que mon âme était tombée malade et mon esprit troublé par ce désordre dont il se fait l’apôtre. Ils m’ont invité à la méditation afin de renouer avec cet état de parfaite communion avec la vie. Ils m’ont assuré que je serais meilleur père et meilleur époux si mon esprit faisait allégeance à l’âme en me gardant de vouloir trop donner, car on dénature un bienfait sous l'impulsion de la démesure. Et la démesure, c’est l’esprit seul, coupé de l’âme moribonde. L’équilibre est le cœur qui rythme l’âme et dont l’âme est à l’origine. Le bien-être dépend de cet état de l’être. La rivière retourne alors dans son lit. La vie reprend tout son sens. La magie dont on se rend maître distribue ses grâces. Les êtres chers prennent leur part, les dieux se réservent un espace, et l’homme au centre de toute chose se donne en lui-même le temps de reprendre ses esprits en partie confisqués par l’astreinte d’une vie matérielle accaparante.

02/07/2010

victime expiatrice

Il existe une sorte d’homme qui font de l’entregent, l’aiguillon de leur volonté de nuisance. Ces hommes là prospèrent sans s’exposer derrière une façade empruntée au nec plus ultra d’un modèle citoyen en vogue, calqué sur la plaque signalétique d’un genre humain autorisé à vous atrophier l’âme pour mieux conduire votre esprit vers un exil certifié conforme. L’arme secrète des temps modernes est une combinaison comportementale au rendu très sympathique, et au contenu exceptionnellement vide de toute sincérité. Il consiste à investir le mental bien structuré d’un homme sans arrières pensées en s’aménageant des ouvertures par l’usage culpabilisateur d’une façon d’être contraignante au service d’une philosophie aux attraits trompeurs. L’efficace fixateur n’est autre que le cancer d'une morale fantôme lié au savoir-faire exercé de gens qui cultivent l’art de ne jamais se mettre en faute, pour leur plus grande satisfaction personnelle. Le tout est un peu à l’image d’un château de conte de fées, entouré de chausse-trapes invisibles et peuplé de monstres triomphateurs urinant sur les souvenirs trop propres d’une hygiène mentale déchue.

J’ai été victime de ce prédateur au sourire affûté. J’avais senti l’exécuteur zélé, armé de toutes les mauvaises intentions, exercé à tous les mauvais coups. Mais je n’avais pas voulu me soustraire à lui après m’être annoncé. Tout un chacun me voulait livré à son jugement pour le bien-être de tous, pour servir cette paix que l'on ne gagne pas, mais que l'on subit. Et moi, en mon humble demeure, j'avais accepté le châtiment, conscient que certaines vertus sont d'infâmes péchés. C’est que, je suis politiquement une victime expiatrice forcément coupable. Même ceux qui m’aiment ou m’ont aimé se résignent à  penser que je ne peux être maltraité sans y être pour quelque chose. Il y a quelque chose d’indéfendable en moi. J'ose dire, mon soucis de vérité, mon dégoût pour le mensonge. Je n'ai rien de l'objecteur de conscience qui séduit par son opposition bon-enfant. Me réduire est donc forcément l’œuvre morale et salutaire d’un homme de bien. La curée est un bien sacré, l’occasion de mettre tout le monde à l’aise sur ce qu’il est convenu d’être.