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07/01/2011

L'homme oublieux

Sans qu’il se fut agi d’une résolution de ma part, je ne partageais plus le fruit de mes réflexions avec les hommes de mon temps. Naufragé sur une île, je vivais dans l’intimité avec moi-même et cultivais sans relâche le jardin secret de mon esprit, libre comme une âme de germain. Une âme belle comme une statue grecque, regardant la mer sur la grève éblouie par le soleil écarlate. Il n’était pas là question d’opinions. La raison était autrement plus profonde. C’était une question de caractère, de force d’âme, de sensibilité née. Rien ni personne, à ma connaissance, ne possédait le cœur assez ferme pour supporter le battement tumultueux de mon idéal sublime. Chez la plupart de mes contemporains oublieux, les émotions venaient de l’extérieur. Etablis sur de fraîches fondations, le mortier de leur âme s’évertuait à élever le mur qui les séparait d’eux-mêmes. Changés en pierre, ils se laissaient pervertir par la loi inquisitrice et le canon mortifiant d’un enseignement dominant.
A chaque pulsation de vie, ils ne répondaient pas.
Il fallait avoir l’âme bien accordée pour s’entendre jouer de la lyre d’Apollon.

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