UA-66869334-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/11/2012

Dreyfus ne fut qu'un prétexte pour en découdre à mort

A une époque où la contestation du pouvoir en place était omniprésente et hors d'elle, l'affaire Dreyfus ne fut que le prétexte qui s'offrait à deux blocs en conflit depuis plusieurs décennies pour en découdre à mort. Les anti-dreyfusards ayant pour piliers le clergé et l'armée, furent une place forte d'inspiration nationaliste qui trouva là l'occasion de stigmatiser la montée en puissance des juifs dans une société française minée par de fâcheuses affaires (Panama et autres), et dont certains représentants dénonçaient la collusion. Quant aux dreyfusards, ils se verront représentés par toutes les sensibilités, notamment anticléricales, hostiles à la société réactionnaire qui avait triomphé de la commune, à la gente militaire qui avait réprimé les manifestations ouvrières, enfin à cette société inique qui plaidait en faveur de la suprématie d'une bourgeoisie égoïste et sectaire imbue d'elle-même.  A quelques exceptions prés, la question de la culpabilité ou non de la personne de Dreyfus a toujours été secondaire, le verdict étant en réalité le résultat crucial d'une joute qui devait décider, au même titre que deux animaux dominants d'une meute qui s'affrontent, lequel des rivaux serait l'arbitre d'un avenir en suspension alors menacé de guerre civile.

Concrètement, ce fut le bras de fer entre deux bourgeoisies, l'ancienne société jouait la carte de sa survie au nom de valeurs pérennes théorisées par Maurice Barrès, la nouvelle son émergeance irrésistible s'appuyant sur une conscience républicaine recomposée, idéaliste et utopiste.

La conséquence du verdict politique fut le désaveu du nationalisme et la montée en puissance de la SFIO, Section Française de l'Internationale Ouvrière. Une nouvelle France était née, avec des clivages nouveaux. La séparation de l'église et de l'Etat vint entériner cette ère nouvelle, par un coup du sort décisif, la mort du pape Léon XIII.

La France ne se remit jamais vraiment de cette rupture, où, de nos jours encore, perdurent de puissants clivages.

Les commentaires sont fermés.