15/11/2013
Le Nationalisme n'est pas un monstre mais un mythe vivant
Pourquoi le nationalisme déclenche-t-il à ce point l’aversion de la classe politicienne dite républicaine ?? En effet, on veut imputer au nationalisme toutes les calamités du XXe siècle et justifier par là même son rejet. Pourtant, celui-ci n’a jamais été la cause réelle des conflits apocalyptiques.
Citons l’exemple de la guerre de tranchées. Lors de l'émission "C dans l'air", Yves Calvi avait posé une question pertinente à ses invités : "Quelles sont les causes de la 1ère guerre mondiale ?? Quelle débandade !! Quelle désolation !! Nos instructeurs se sont enfuis à toute jambe, tout penauds !! Or, les causes sont non seulement connues, mais surtout sont connus ceux qui l'ont voulue.
En 1897, la Weltpolitik ou « politique mondiale » du Kaiser Wilhelm II, plus offensive que celle de Bismarck, avait pour objectif de s’affranchir de toute dépendance en matière d’importations de matières premières. Cette Weltpolitik, menée par Bernhard von Bülow et l'amiral Alfred von Tirpitz, nécessita une puissance navale conséquente, dont le développement sera assuré avec réussite par von Tirpitz. Les ambitions de l'Allemagne et l'accroissement de son empire colonial, créèrent des craintes chez les Français et les Britanniques d'où de vives tensions. Quant aux rivalités balkaniques, elles sont le fait d'Etats luttant pour leur survie sur fond d’ambitions territoriales somme toute banales, mais dont les nations bellicistes se servirent pour renverser la donne.
Par ailleurs, sur le plan franco-français, cette guerre voulue avait le sinistre avantage de briser les velléités contestatrices d'une jeunesse de tradition allante et réactionnaire, par trop hostile à l'établissement d'un ordre nouveau éradicateur de l'ancien monde forcé à la mutation, mais aussi de conjurer le climat instable d'une vague révolutionnaire organisatrice de grèves à répétition qui menaçait de se généraliser, enfin de conduire au remplacement des victimes de guerre par une population plus malléable venue de pays exportateurs de main-d'oeuvre bon marché.
Le ton est donné de nos jours. La fierté nationale qui trouve son inspiration dans l'attachement à ses racines est, pour nos professeurs, vecteur de haine. Bref, il faut savoir que le bellicisme n’a pas attendu les nationalismes pour se manifester tout au long de l’histoire des hommes, et la République, qui a été par essence l'expression d'un nationalisme aveugle et dévoyé en principe absolu de la nation batailleuse, aurait de quoi faire frémir nos inconditionnels actuels. Elle a imposé sa volonté selon une conception bourgeoise sans égard pour l’homme, homme livré à une servitude politico-religieuse qui dévoile son intouchabilité dans les tables de la loi de Moïse dressées dans la convention comme symbole de la volonté nationale. C’est à cette République si sensuellement représentée aujourd'hui par nos élus en soutane bariolée, que l’on a dû la loi Jourdan-Delbrel, qui a permis à des pouvoirs en place de disposer de la vie de tous les hommes d’une nation au mépris de leur consentement.
Enfin, sous la troisième République en révolution, les clivages idéologiques vont changer progressivement à partir de l'affaire Dreyfus. Le camp conservateur défait, la digue sera rompue. Le nationalisme, jusqu'alors favorisé dans l'outrance selon les caprices du régime républicain, va se retrouver rejeté en dehors d'un consensus qui fera du "cosmopolitisme" jusqu'ici valorisé et lié aux lumières, le fer de lance de cette notion de "citoyen du monde". Le nationalisme subira alors une désaffection du pouvoir en place, un peu comme le paganisme dans la Rome chrétienne. [Paganisme qui d'ailleurs, s'associait intimement à un nationalisme inhérent]. Le patriotisme restera néanmoins une référence pour la chair à canon et le règne d'une certaine cohésion.
Très vite, alors que le nationalisme en France se caractérise en lettres de sang par le principe d'une nation une et indivisible, nos réformateurs en odeur de sainteté maintiendront ce principe mais l'adapteront cependant à cette idée du "sentiment d'être français" en vogue. Désormais notre soupe quotidienne, ce nouveau concept issu d'une idéologie colonialiste sera prélevé sur la dépouille du cadavre à jamais sali du fait français honni. Fait français honni dés lors qu'il n'a pas vocation à conduire à un cosmopolitisme sans racines soumis à l'aveugle.
Dans un déni quasi hermétique de ce qu’est la République qu'ils chérissent, les politiques actuels nous montrent opportunément la sainte relique d'un corps transfiguré, et contrairement à leurs manifestations de ferveur nationale, ils ne conçoivent plus désormais le nationalisme que sur le plan exclusivement social et économique. Le citoyen socialement déraciné n'est plus alors que l’instrument d’une volonté nationale absolutiste substituée à l’engagement de raison.
Français que j'aime, sachez enfin que le nationalisme n'est pas un monstre, mais un mythe pacifique et vivant dans la mémoire collective des hommes de réflexion épris de liberté.
14:58 Publié dans histoire, politique | Lien permanent | Commentaires (0) |
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