06/05/2014
Les hommes ne peuvent prétendre qu’à des joies sans lendemains
Agamemnon représente l’éther; Achille, le Soleil; Hélène, la terre; Alexandre, l’air ; Hector, la Lune; les autres portent des noms qui s’y conforment...»
« Les compagnons d’Ulysse sont métamorphosés en porcs et autres animaux de ce genre. C’est une allusion au fait que les esprits des hommes insensés passent dans des corps dénués de cette réflexion propre à l'homme. Leur chute les soumet à la révolution circulaire de l’univers qu’Homère appelle “Circé” (“Cercle”). »
Le monde étant composé d'éléments opposés en concubinage avec une manifestation d’unions proportionnelle, il réunit en même temps les activités d'Héphaïstos, d'Arès et d'Aphrodite. Quand se manifestent les oppositions des éléments, elles se manifestent selon l'Arès guerrier. Quand l’accouplement voit le jour, la puissance d'Aphrodite est efficiente. Quand s’associe la puissance d'Aphrodite à celle d’Arès, l'art d'Héphaïstos est effectif.
« Pénélope (Πηνελόπη) représente celle qui a pris (λαβουσα) les fils (πήνας) des destins, c'est-à-dire la trame conforme à la nature et à l'ordre qu'a filé la nature, et qui ne veut pas s'y soumettre, car elle est supérieure à la nature; c'est pourquoi le poète représente par elle les activités surnaturelles ».
« Les dieux ne vivent pas de pain et de vin comme les mortels, aussi n'ont-ils pas de sang. Mais, au lieu de cela, une substance qu'ils nomment “ichôr” [cf. Iliade, V, 339 à 342], qui est comme une subtile sérosité salsugineuse de couleur blanc transparent, empêchant la corruption dans les animaux et tous les autres composés élémentaires ». Ce sang n’est pas rouge comme la chair dont se nourrissent les hommes. L’ « ambrosia » est la nourriture des dieux, une matière mi-liquide, mi-solide, une sorte d’huile ou d’onguent, complémentaire du néktar qui contribue à l’immortalité des dieux.
Les Charites sont désignées comme les suivantes et les habilleuses d’Aphrodite. Charis, c’est en effet un sentiment de joie, une faveur, la reconnaissance qui vous pousse vers quelqu’un, une sorte d’éclat intérieur qui irradie. Comme l’aura, le magnétisme ou le charisme, c’est une qualité naturelle que les grecs associaient à la jeunesse et à la beauté, c’est à dire au monde même qu’Aphrodite patronne, et aux dieux en général.
Le corps de la déesse est le lieu de toutes les ambigüités. Corps physiologique, il est accessoirement fait de matière et peut se montrer sensible à la douleur. Corps divin, il est fait d’une matière autre, qui ne peut se définir qu’en comparaison avec le corps humain, comme son inverse. Corps qui n’est pas un corps concevable, il est nourri d’immortalité, il est le lieu d’une grâce à peine dicible, et en lui coule un sang qui n’est pas vermeil. La représentation du dieu sous les traits d’un humain n’est qu’un expédient : tous les signes sont détournés ou inversés pour dire que l’être divin est supérieur, d’une nature non pas fondamentalement autre, mais en tout cas différente.
« extrait du Manuel de mythologie grecque » (rajouts en vert)
Les dieux ne sont pas les créateurs du monde. Le monde est incréé. Cependant, ils l’harmonisent. Au contraire, les dieux font partie de l’ordre de l’univers. Ils sont régis par les lois de l’univers et si ils sont immortels, ils ne sont pas tutélaires. Ils peuvent prétendre à un état du bonheur « l’olbos » qui échappe à la jouissance des simples mortels, et ils sont dits « makares », bienheureux, au contraire des hommes qui ne peuvent prétendre qu’à des joies sans lendemains.
La ligne de partage entre mortels et immortels est normalement impossible à franchir pour un être humain sauf en traversant le fleuve glacé qui coule aux enfers et qui sépare le monde des morts de celui des vivants, à l’issue d’une vie et d’une ascèse exemplaire.
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