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22/10/2007

Platon

Comment est-il possible au commun des mortels de parler de Platon ? C’est un peu comme parler de Jésus Christ ou de je ne sais quel prophète qui guide et traduit l’idée que l’on doit se faire d’un corps de doctrine. Car les écrits de Platon sont bel et bien un corps de doctrine qui englobe le politique et le religieux. Ce sujet me direz-vous prend un tournant polémique ? Nullement !! Mais, à dire vrai, dés qu’il s’agit d’appréhender ce qui se rapproche de prés ou de loin à un dogme, la critique est toujours considérée comme polémique, car les détenteurs de règles n’admettent pas l’idée même d’avoir à en discuter. Et il s’agit bien là d’idées, du monde des idées, de la multiplicité des idées unifiée par l’Idée des idées, de l’Idée avec un grand I, l’idée que l’on se fait de Dieu en élevant un concept au delà des contingences humaines. Une forme aristocratique de pensée qui exclut le vulgaire, et qui impose une forme idéale de société élitiste et imbue de sa propre conception du divin. Avec Platon, nous entrons de plein pied dans une forme dogmatique de pensée, dans une forme d’éducation dirigiste, et l’on ne s’étonne pas que les chrétiens aient épargné les écrits de cet ambitieux philosophe car, à tout bien considéré, ce dernier donne une tribune à ce concept d’un bien suprême, source de lumière intellectuelle, réel suprême en l’intransgressible idée morale de l’Un parfait, père des Dieux, qui se détache du monde sensible pour accéder à un monde supra-sensible et intelligible à l’image de Yahweh. Par l’usage des tables de lois, il imprime sur le monde temporel l'empreinte d'une société idéale, et dont le modèle incontesté doit toucher au divin. On est bien loin de l’approche originelle du politique et du religieux par le paganisme authentique.

En République III 398a-b, Platon chasse Homère de la cité idéale, obsédé par les règles intransigeantes d’une vertu codifiée, vouant un culte dogmatique à l’idée de Morale. La poésie épique et les évocations d’Homère sont alors frappées d’hérésie car elles sortent du moule rigide du législateur d’une foi nouvelle. Platon déclare qu’il ne faut recevoir dans la République aucun poète et il en exclut le grand d’entre les grands, après l’avoir couronné et aspergé de parfum, pour l’empêcher d’obscurcir par ses fables la vraie conception de Dieu.

Pour ce faire, il refuse toute interprétation allégorique ou symbolique qui permet l’approche du religieux au profit de la lecture littérale. Et par l’usage de celle-ci il décrète :

-La divinité ne peut-être que bonne et ne peut dispenser le mal (concept d’une idée pure, le bien)

-Les Dieux ne peuvent ni changer de forme, ni nous tromper( Il y a là une volonté manifeste de rationalisation)

-Homère a une mauvaise influence morale( non conforme au canon, l’approche du divin doit être repensé pour être plus conforme à l’idée de Dieu)

-Les Dieux tels que les décrit Homère ne sauraient constituer des modèles pour les hommes car ils sont sujets à l’émotion et à la pitié envers leurs enfants(les lamentations de Thétis) > On voit là une hostilité nette pour ce qui est sensible, l’émotion. Les dieux sont manifestement trop humains pour Platon. Il instaure une sécheresse propre aux systèmes de pensées qui contraint les hommes à observer un modèle présanctifié qui n’est plus leur.

-Platon rejette les manifestations du rire comme indignes des Dieux. ( On reconnaît là le ton grave de Platon, qui ne conçoit le bonheur qu’au delà de ce qu’est la vie dans toute sa beauté)

-Il rejette également les mythes qu’il juge inappropriés au développement de la tempérance chez les jeunes. (Platon considère nécessaire l’aseptisation des générations nouvelles idéalisées de façon monastique et aristocratique)

Oui, Platon épure, dogmatise, décrète qu’Homère montre des choses incompatibles avec la notion même de Dieu. Pourtant se fait ressentir chez Platon l’héritage Homérique profond et inavoué. Ce sentiment religieux qu’il reprend largement à son compte et que simultanément, il trahit. Il vénère les dieux, mais les fait renaître dans le panthéon conceptuel d’une religion nouvelle. Car, Platon dispute la prééminence à Homère le philodoxe, comme un jeune concurrent ambitieux face à un homme vénéré qu’il déboulonne. Le jeune loup arme sa dialectique contemplante et descendante et brandit le dogme religieux d’une idéologie rationaliste par la dialectique, le savoir, seule connaissance véritable. Le reste n’est qu’opinion !!

Enfin, la doctrine de Platon est toute aristocratique. Elle n’est pas destinée au peuple qui ne peut se forger que ces dites opinions, ni au travailleur, représentant d’une des trois classes de la société, celle qui correspond dans la division tripartite de l’âme à l’ « épithymia », qui siège dans le ventre, et dont la nature n’est en rien comparable au « noûs », caractéristique innée des classes dirigeantes.

Mais qu’est-ce que cette contemplation des idées ?? Quelle est son but ??

En faite, pour Pythagore comme pour Platon, les âmes sont liées au corps à titre de châtiment. Le corps est une prison. Il est le tombeau de l’âme. La migration de l’âme en des corps différents est une pénitence. Or, qui dit pénitence dit péché. Nous sommes là bien proche de ce que sera bien plus tard le christianisme.

L’idée se résume en ceci : L’âme est parente des idées et en possède le savoir. Lorsque l’âme se détache des idées, elle tombe dans le monde sensible. Contempler les idées, l’Idée, c’est postuler pour l’immortalité de l’âme. Le vrai savoir, c’est le savoir de l’universel, de l’Idée. Il est dans l’esprit, pas dans les choses (dichotomie). L’universel est dans l’intellect. Le philosophe (contraire du philodoxe pour Platon) consiste en l’effort pour délivrer l’âme du corps.

Il est évident que cet élitisme intellectuel qui peut satisfaire l’orgueil savant du contemporain rationaliste en mal de spiritualité, démontre cependant que la foi n’est pas accessible à tous. Comment donc pourrait-elle être accessible aux contempteurs de l'illustre Platon, qui fait si bien la Une dans toutes les écoles honorables où s’illustrent les esprits les mieux représentés. En l'absence d'une unanimité qui participe à l'élection d'une légitimité, on aura tôt fait de vous faire comprendre que vous ne comprenez rien à Platon, étranger aux lois qui font d'un homme un être de vertu capable de rendre son âme compatible à l'excellence, à la subtilité du divin breuvage qui attise les soifs. Un petit peu à l’image de ce que vous disent les chrétiens lorsque vous évoquez l’âme  sans communier avec Jesus-Christ, sans référence aux saints écrits. Vous n’aurez jamais eu la grâce de comprendre le subtil message des paraboles et par extention, vous n'aurez jamais connu l'Amour de Dieu!!

Commentaires

Superbe texte ... Que dire de plus . Bon courage dans votre travail, ami .
Merci , de votre post sur notre blog, "section Bourgogne", ce serait un honneur d'être à vos côtés.
Très bons textes sur votre blog !

Écrit par : Résistance étudiante | 27/10/2007

Même si personnelement j'adore Platon, je dois dire que je ne partage pas son avis sur Homère et les poètes. Il y a beaucoup de bonne théologie dans Homère, et même s'il est vrai que parfois il dépeint les dieux d'une manière un peu naïve ou trop humaine, en général, il les représente bien.

Écrit par : helleniste | 18/08/2008

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