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12/03/2012

Contradictions des Evangiles / PORPHYRE

Contradictions des Evangiles / PORPHYRE

Extraits de l’ouvrage de Pierre de Labriolle / La réaction païenne.

Les évangélistes sont les inventeurs, non les historiens des choses qu'ils racontent de Jésus. –Porphyre-

Discordance entre généalogie du Christ que donne saint Matthieu (Jacob père de Joseph !!) et celle que dresse saint Luc (Heli père de Joseph)

Référence inexacte donnée par saint Marc qui, au seuil même de son évangile, impute au seul Isaïe une citation prise pour moitié chez  Isaïe, et pour moitié à Malachie.

Porphyre traitait saint Matthieu d'ignorant pour avoir attribué à Isaïe une parole du Psalmiste.

Saint Matthieu, saint Luc et saint Jean fixent la crucifixion à la sixième heure. Saint Marc la place à la troisième heure.

Dans les Actes, Judas meurt "rompu par le milieu", tandis que d'après saint Matthieu, il se serait pendu. Saint Jean est le seul à raconter qu'un soldat transperça de sa lance le côté de Jésus crucifié et qu'il en sortit du sang et de l'eau.

Dans saint Jean (VIII,8), Jésus déclare à ses frères qu’il n’ira pas à la fête des Tabernacles; or, il y monte tout de même (VIII,I0)

Jésus dit :"Ne craignez pas ceux qui tuent le corps." Pourquoi donc souhaite-t-il, alors, que sa passion s'éloigne de lui? Il dit encore :"Vous avez toujours les pauvres avec vous; mais, moi, vous ne m'avez pas toujours"(Matth.,XXVI,36), et ailleurs :"Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles"(ibid.,XXVIII,20)

Le Christ menace les pêcheurs de supplices éternels, et il déclare cependant :"Selon que vous aurez jugé, on vous jugera, et de la même mesure dont vous aurez mesuré on vous mesurera." Quel rapport entre des peines indéfinies et un châtiment qui doit être proportionné à une certaine mesure, et par conséquent circonscrit dans le temps?

Saint Marc renchérit sur saint Matthieu à propos du nombre de porc noyés dans le lac de Tibériade; qu'au surplus, il est invraisemblable qu'un troupeau de deux mille porcs ait pu se trouver groupé en Judée où cet animal était considéré comme impur et détesté, et qu'ils se soient noyés en si grande quantité dans un simple lac(donné comme une mer).

Pourquoi Paul avait-il critiqué Pierre pour s’être tenu à l’écart des païens après s’être mêlé à eux quelque temps, puisque lui-même, qui n’était point partisan de la circoncision, se décida, par ménagement pour les juifs, à circoncire Timothée?

Et que de démentis infligés par les évènements à d'imprudentes promesses ou à de chimériques prédictions! Persistance de l'univers, en dépit de la menace incluse dans le verset de saint Matthieu, XXIV,14; mort ignominieuse de saint Pierre, nonobstant les privilèges qui lui avaient été solennellement conférés; décollation de saint Paul, en dépit des assurances consignées dans les Actes, XVIII,19-20; mort naturelle de saint Jean, à qui Jésus avait annoncé qu'il mourrait martyr; absence de tout nouveau christ en dépit de l'avertissement de Jésus :"Plusieurs viendront sous mon nom, disant: c'est moi qui suit le christ"(Matth.,XXIV,5)

A lui seul, le récit de la passion est un exemple de contradictions :

L'un raconte : "Quand ils furent arrivés au lieu appelé Golgotha, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé avec du fiel, il y goûta et ne voulut point en boire." Et bientôt après: "Vers la neuvième heure, Jésus poussa un grand cri: "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?" Celui qui raconte cela, c'est Matthieu. Pour Marc, il s'agit d'une éponge pleine de vinaigre puis ces paroles : "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu couvert d'opprobe?" Mais en voici un troisième: "Il y avait là un vase plein de vinaigre. L'ayant attaché à une tige d'hysope, ils le présentèrent à sa bouche. Quand il eut pris du vinaigre, il dit "C'est consommé, et ayant incliné la tête, il rendit l'esprit". C'est Jean qui raconte cela. Un quatrième dit: "Et ayant crié d'une voix forte, il dit: "Père, je remets mon esprit entre tes mains." Celui-là, c'est Luc.

Pratique baptismale : (quand ce sont des adultes qui en bénéficient) : tant de souillures, d’adultères, de turpitudes lavés par une seule ablution, par une seule invocation du nom de Christ, au point que le catéchumène rejette tout son fardeau de péché comme un serpent se dépouille de sa peau. Une pareille discipline est conseillère de vice et d’impiété.

Incarnation : Pourquoi le Christ, s’il était vraiment Salut, Connaissance véritable et parfaite, n’est-il pas venu plus tôt pour sauver ceux qui vivaient dans l’ignorance ?Pourquoi serait-il venu si tardivement, après avoir laissé l’humanité privée pendant tant de siècles du bienfait de la révélation ? Pourquoi aurait-il permis que se perdent sans secours d’innombrables âmes ? Et comment croire que le fils de Dieu ait vraiment souffert sur la croix ?…..étant par sa nature impassible ?

Rite eucharistique : Pour Porphyre, la communion est un acte de cannibalisme. Il traite les paroles du Christ dans saint Jean : « Si vous le mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes, etc… », de bestiales et d’absurdes.

Dogme de la résurrection : Pourquoi Dieu interromprait-il à un moment donné la succession des créatures, la conservation indéfinie des espèces ? L’ordre qu’il a une fois déterminé doit être éternel, à la différence d’un ordre humain, toujours précaire. Puis, comment imaginer la reconstitution des organismes abolis ? Un homme fait naufrage : les mulets de mer dévorent son corps ; des pêcheurs mangent les mulets ; ils périssent eux-mêmes, et leurs cadavres sont mangés par des chiens, lesquels deviennent la proie des vautours ; Qu’est devenue la chair du naufragé ?….Comment la terre contiendrait-elle tous les morts, depuis la naissance du monde, s’ils venaient à ressusciter ?

Rappelons à propos de la résurrection les observations de Julien (empereur) : Selon saint Matthieu, Marie-Madeleine et la seconde Marie vinrent au sépulcre, après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine ; d’après saint Marc, elles vinrent en plein jour, alors que le soleil était déjà levé ; chez Matthieu, elles voient un ange ; chez Marc, un jeune homme ; chez Matthieu, elles s’en vont annoncer la nouvelle de la résurrection du Christ ; chez Marc, elles se taisent et n’en parlent à personne.

L’idée que l’univers puisse finir est insupportable à Porphyre : saint Matthieu : « Le ciel et la terre passeront , mais mes paroles ne passeront point » est qualifiée de mensonge et de vantardise. Comment les paroles de Jésus subsisteraient-elles, une fois le ciel et la terre détruits ?.. Que la terre disparaisse, passe encore ! Mais le ciel ! Le ciel, c’est l’ordre, la permanence. (Note personnelle : le ciel est ce temple éternel que les chrétiens n'ont pu et ne pourront jamais nous enlever, en dépit de leurs menaces. )

Morale chrétienne : Qu’elle s’occupe avant tout des âmes mal portantes, et non pas de celles qui vivent en santé et en beauté, n’est-ce pas là une étrange préférence ? Si ce sont les malades, les pêcheurs qui ont besoin de Jésus, alors l’injuste est donc seul « appelé », à l’exclusion du juste ?

Que signifient aussi les sévérités de l’Evangile à l’égard des riches, ses complaisances pour les pauvres ? Une maxime comme celle de saint Matthieu : « Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume des cieux », aboutit à condamner le riche, même vertueux, et à magnifier le pauvre, même vicieux. Celui-ci n’a plus à se préoccuper de bien faire, puisque sa pauvreté suffira à le sauver. Ce n’est plus la vertu qui achemine l’homme au ciel, c’est le manque d’argent… Ce sont propos de gueux, avides de dépouiller les riches de leur avoir, à l’aide de ces inepties.

Et que dire de la prédiction de Christ d’après laquelle la fin du monde surviendrait aussitôt que l’univers aura été totalement évangélisé.

Obscurité, incohérence, illogisme, mensonge, abus de confiance et sottise, Porphyre n’a guère vu autre chose dans le christianisme. A ses yeux, l’Evangile est une « scène truquée », une farce de tréteaux, une mauvaise plaisanterie de faiseurs de tours, une fâcheuse pièce vouée aux brocards et aux sifflets.

La prohibition de Constantin contre l’ouvrage de Porphyre n'empêchera pas une partie de ses écrits de parvenir à la postérité. Les exégètes chrétiens étaient si préoccupés et malmenés par l’esprit aiguisé de leurs contradicteurs, qu’ils n’ont pu faire autrement que nous transmettre bon nombre de fragments, dans leur soucis de contrer chaque réfutation, à grands renforts d'adaptations.

Je porte ces incohérences à la connaissance de tous, pour la gloire du bon sens, et au nom de la vérité. (Et je m'en tiendrai à cet aperçu non exhaustif)

Je rends hommage à Virius Nicomachus Flavianus qui se donna la mort après la défaite d’Eugène contre Théodose, ainsi qu’à son ami Vettius Agorius Praetextatus et Symmaque, fervents défenseurs de la foi originelle et pérenne. Ces érudits ont eu le mérite de porter haut la controverse jusqu'au dénouement funeste de l'effondrement d'une pensée admirable et mesurée, servie en pâture aux foules avides de promesses sans lendemain.

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