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25/05/2013

La case de l'oncle Tom ou autre vérités occultées

Extraits de l'ouvrage de Dominique Venner : "Le blanc soleil des vaincus"

Introduction de l'esclavage :

La culture intensive du tabac...exige une main-d'oeuvre importante. Les indiens se refusent avec la dernière énergie à travailler la terre, besogne dégradante à leurs yeux. Quant à les réduire en esclavage, il n'en est pas question. Ils préfèrent mourir....Une solution provisoire est trouvée avec le système des "indentured servents", les engagistes des Antilles françaises. Ce sont des indigents, volontaires pour les colonies. Ils payent leur voyage moyennant un contrat de travail de quatre ans qui les transforme en esclaves temporaires. A la descente du bateau, ces hommes et ces femmes sont vendus aux enchères par le capitaine. Puis à l'expiration du contrat, ils deviennent libres, reçoivent un petit équipement et un lot de terre pour tenter leur chance. Des condamnés de droit commun, "convicts", peuvent bénéficier des mêmes "avantages", à cette différence près qu'ils sont liés à leur maître pour sept ans. Mais cet esclavage momentané est trop bref pour être vraiment rentable et trop maigre pour répondre aux besoins étendus des plantations...La solution scandaleuse à nos yeux, normale à l'époque, est apportée en 1619. Cette année-là, le secrétaire de l'assemblée de la Virginie note sur le journal de la colonie : "Un bâtiment hollandais nous a livré vingt Noirs d'Afrique."...L'importation du "bois d'ébène" est lente jusqu'à la fin du XVIIème siècle. La traite qui fait la fortune de Nantes, déverse en priorité ses cargaisons dans les Antilles...Tout changera lorsque les armateurs du Nord auront évalué les bénéfices à tirer de cet odieux trafic. L'or étouffera les scrupules. Les négriers puritains lèveront les yeux vers le ciel. Ils oublieront leurs principes d'universelle égalité et leur croyance dans le caractère rédempteur du travail libre. L'argumentation calviniste a réponse à tout. Elle propose le syllogisme suivant : le seigneur bénit la richesse. La traite est le moyen le plus rapide de s'assurer la richesse. Donc le Seigneur bénit la traite...Certes, les Justes de la Nouvelle-Angleterre ne sont pas à une hypocrisie près, mais l'esprit puritain ne s'oppose pas encore à l'esclavage des Noirs. jusqu'à la fin du XVIIIeme siècle, celui-ci apparaît à tous comme une institution légitime. Il ne soulève aucune réprobation et le Nord importe lui aussi, dans une moindre mesure, des esclaves Noirs...Le Nord est habité par cet homme de Dieu qui a passé un contrat avec le Ciel pour réussir sur la terre. En échange du rigorisme de son existence, il attend de Jéhovah qu'il favorise ses affaires...

+[sectarisme au Nord] Les Etats de la Nouvelle-Angleterre sont soumis à la tyrannie des sectes religieuses et de leur clergé. On persécute les dissidents. A Plymouth, on les met à mort. On brûle les "sorcières" ou on les pend. L'affaire des sorcières de Salem (pièce d'Arthur Miller) est l'illustration du climat d'obsession que font régner les puritains. En 1629, ces derniers ont fondé dans cette ville du Massachusetts, la première église congrégationniste d'Amérique. Leur fanatisme nourrira la folie collective qui s'empare de la bourgade en 1692. Du mois de mai au mois de septembre, dix-neuf personnes sont pendues comme adeptes du Malin, dont quatorze femmes et cinq hommes. Une vingtième est mise à mort suivant une méthode plus originale, celle du "pressage", c'est-à-dire qu'on la place dans une situation d'un citron dont on extrait le jus. Deux autres périssent en prison sans doute pas par excès de bons traitements. Plus d'une centaine d'autres malheureux sont emprisonnés et, pour faire bonne mesure, les pasteurs congrégationnistes en font encore inculper deux cents pour crime de sorcellerie.... Les planteurs n'ont que mépris pour le sectarisme et l'intolérance de ces puritains, dont l'adresse en affaires frise la canaillerie. Un virginien écrit en 1736 : "Les saints de la Nouvelle-Angleterre sont fort habiles à avaler un parjure au point de n'en pas garder le goût dans la bouche, et aucun autre peuple ne sait glisser comme eux à travers le code."...+

Jusqu'alors, les ressources principales de l'aristocratie des planteurs étaient l'indigo et le tabac. La culture de l'indigo avait périclité aprés l'indépendance des Etats-Unis, faute de la clientèle anglaise, tandis qu'une invasion de chenilles détruisait les plants. Le tabac avait également souffert de la bouderie anglaise, mais peut-être plus encore de l'épuisement des sols. Des plantations se tournèrent vers la culture intensive du blé et du maïs qui n'exigeait pas une main-d'oeuvre abondante. Avant que la culture du coton n'eût pris le relais, il y eut donc au début du siècle un excédent d'esclaves dans les vieux Etats de la côte atlantique. On en vint à contester le rentabilité de l'esclavage et, sous l'influence des idées philanthropiques à la mode, un mouvement en faveur de l'émancipation se développa dans le Sud. Washington affranchit ses esclaves avant de mourir et, s'il ne s'était trouvé brusquement privé de ressources, Thomas Jefferson aurait agi de même. Ce mouvement fut de courte durée. L'institution qui semblait moribonde connut, tout à coup, un regain et une vigueur imprévisibles avec la demande énorme du royaume du coton, et le renouveau de la culture du tabac grâce aux techniques d'enrichissement des sols mises au point par le virginien Edmund Ruffin. Le formidable développement de la culture du coton fouette toute l'économie du Sud....Or, si le coton est produit dans le Sud, c'est à New York que se tient son marché. C'est là que sont fixés les cours... Enfin, les tarifs douaniers qu'impose le Nord pour protéger ses manufactures contre la concurrence européenne ne profitent qu'à lui et ne coûtent qu'au Sud. Par ailleurs, l'industrialisation naissante du Sud est brisée par un dumping systématique des industriels du Nord. "Le Sud est pour le Nord la plus belle colonie qu'aucun pays ait jamais possédée", fulmine Barnwell Rhett, directeur du Monitor de Charleston...Le Sud dépend du Nord pour toutes ses fournitures...Pour beaucoup de Sudistes, il ne fait pas de doute que cet état de sujétion où ils sont tombés est le fruit d'un vaste complot ourdi par les rapaces affairistes du Nord...En outre, les Sudistes sont désormais une minorité au sein de l'Union, et une minorité de plus en plus faible, car l'émigration européenne vers le Nord ne cesse de grandir. Au Sénat, la situation se dégrade également. Jusqu'en 1850, l'équilibre est maintenu. Mais l'admission de la Californie en 1850, du Minnesota en 1858, de l'Oregon en 1859 et du Kansas au début de 1861 donnera au Nord trente-huit sénateurs contre trente au Sud. La création prévue pour l'avenir de futurs Etats du Nevada, du Colorado et des Dakota concéderait à l'adversaire nordiste une irrémédiable suprématie. C'est à ce moment critique que la question de l'esclavage devient brusquement une question politique majeure et transforme le conflit des deux sociétés en véritable guerre de religion.

Situation des Noirs dans les plantations :

La poésie de l'écrivain William J.Grayson dans son poème "Hireling and the Slave", publié en 1854, brosse un tableau idyllique de la vie des Noirs dans une plantation du Sud. A l'opposé, les ouvrages des abolitionnistes présentent l'esclavage comme une monstrueuse tyrannie. Les planteurs sont cupides et sadiques, brutaux ou dégénérés. Les Noirs sont martyrisés avec des raffinements de cruauté. Une littérature pléthorique évoque les supplices affreux auxquels ces malheureux seraient soumis. On décrit avec une complaisance suspecte les visages marqués au fer rouge, les corps frappés avec des fouets munis de billes de plomb, les chiens féroces spécialement entraînés attaquant les Noirs, sans oublier de graveleuses allusions aux outrages subis par de graciles esclaves.

Le monument du genre est "La Case de l'oncle Tom", publié en 1852, par Mrs. Harriet Beecher-Stowe. Cette épouse d'un professeur de l'Ohio n'a jamais vécu dans le Sud. Sa source principale est un pamphlet abolitionniste publié à New York en 1839, rempli d'erreurs et d'invraissamblances. Ce roman écrit sans talent utilise néanmoins avec une certaine habileté toutes les techniques de la littérature sentimentale. Il fera pleurer tous les Margot du Nord et celles d'Europe. Il existe peut-être dans le Sud des personnages décadents et efféminés comme son Augustin Saint Clare, ou des brutes comme Simon Legree. Mais ils ne sont nullement représentatifs du monde des plantations. Promis à un énorme succés et à des traductions dans toutes les langues, ce livre soulèvera l'indignation et la colère du Sud....Ce qui est certain, c'est que le succés de "La Case de l'Oncle Tom" dans le Nord n'a pas accru pour autant la sympathie pour les Noirs. On y pratique une ségrégation de fait (Les exemples ne manquent pas, page 53 du livre précité). La ségrégation que recommande Abraham Lincoln (futur artisan de l'émancipation), comme la plupart des abolitionnistes, ne pose aucun problème à cette époque dans le Nord.

Les plaidoyers du Sud et les réquisitoires du Nord fournissent deux interprétations partiales et contradictoires qu'il est difficile de ne pas récuser. Heureusement, il existe des témoignages moins partisans, ceux par exemple de voyageurs ou d'étrangers ayant séjourné au Sud sans épouser les querelles qui déchirent l'Union.

"Comme beaucoup d'autres choses, remarque le prince Achille Murat, devenu citoyen américain après Waterloo, l'esclavage vu de loin a une tout autre physionomie que vu de près. Ce que la loi a de dur est adouci par l'usage. Les abus s'entre-détruisent et ce qui est horrible et monstrueux en théorie devient souvent parfaitement tolérable en pratique."

Un voyageur écossais, Charles McKay [Life and Liberty in America (1859)] qui séjourna au Nord et au Sud avant la guerre de Sécession, a laissé des impressions piquantes sur l'attitude comparée des deux sociétés vis-à-vis des Noirs : "Dans le Sud, écrit-il, le propriétaire d'esclaves ne semble pas avoir la moindre objection à se trouver tout près de n'importe quel Noir, jeune ou vieux, homme ou femme. En revanche, les hommes du Nord qui parlent tant de liberté et d'égalité politique retroussent dédaigneusement les lèvres à la moindre possibilité de contact avec un africain. Dans le Sud, le Noir peut sans scandale prendre l'omnibus, son voisinage n'effraie ni ne dégoûte les Blancs. Quant à l'esclave fidèle, il reçoit le titre familier et affectueux d' "oncle" ou de "tante". Si les Etats du Nord et leurs habitants témoignaient aux Noirs la moitié ou le quart de la bienveillance sociale qui leur est témoignée dans le Sud, le problème de l'esclavage serait grandement simplifié. Mais étant donné que les habitants du Nord parlent des droits politiques du Noir tout en l'opprimant ou le rabaissant socialement, leurs discours anti-esclavagistes ont un relent d'hypocrisie et de fausseté....

C'est ce que Carlyle traduit en une boutade grinçante : "Le Sud dit au [négro] : -Sois esclave, mais que Dieu te bénisse! Alors que le Nord grommelle : -Sois libre, mais que le diable t'emporte!"

En 1816, des planteurs de Virginie, du Maryland et du Kentucky fondent l'American Colonial Society afin de rapatrier les noirs en Afrique. En 1822, la société crée à cet effet le territoire du Libéria, sur la côte occidentale de l'Afrique. Le Congrés vote une subvention de cent mille dollars. En dépit des efforts du président de la société, un neveu de Georges Washington, puis de Henry Clay, cette tentative de régler le problème de l'esclavage des noirs connaît un échec complet. On dépensera la somme astronomique de 1806000 dollars pour transporter au Liberia 10500 esclaves affranchis, moins que le chiffre des naissances de la population servile en un mois. La cause principale de l'échec est la répugnance des Noirs à retourner en Afrique. Les affranchis veulent jouir de leur liberté en Amérique, quant aux esclaves, ils préfèrent la sécurité de leur condition servile à l'imprévu africain.

Enfin, il faut savoir que la grande majorité des blancs du Sud ne se sent pas directement concernée par l'esclavage, puisqu'il y a seulement 350000 familles du Sud propriétaires d'esclaves sur les 1800000 familles du Sud...En revanche, ces mêmes blancs s'inquiètent de ce qui se passerait si les abolitionnistes triomphaient. A Frederick Olmsted qui lui demande si beaucoup de gens de sa région considèrent l'esclavage comme une calamité, un pauvre blanc du Sud répond : "Oh oui! beaucoup. Je pense que la majorité des gens seraient très contents si on pouvait se "débarrasser" des [négros]. Mais elle n'acceptera jamais qu'on les libère et qu'on les laisse ici. je ne connais personne pour ainsi dire qui soit pour cela. Si on les libère et si on les laisse ici, ils se mettront à tout nous voler. Plus personne alors ne pourra vivre ici." (cité par Jean Heffer. Spécialiste d'histoire économique et d'histoire des États-Unis. Directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de 1985 à 2002, il y a dirigé le Centre d'études nord-américaines.)

En Caroline du Sud, Alabama, Mississipi et Louisiane, le recensement de 1850 montre qu'il y a environ un Noir pour un Blanc, exactement 1664197 Noirs et 1806406 Blancs. Dans certains comtés, les Noirs sont en majorité...Tous les sociologues reconnaissent que cette proportion de 50/50 est beaucoup trop forte pour permettre l'entente et la tolérance mutuelle "en l'absence d'une institution contraignante".

La rivalité entre le Nord et le Sud accentué par cette malédiction de l'esclavage, débouchera sur un conflit qui durera 4 ans. Ce sera le plus sanglant de toute l'histoire américaine. Les pertes seront supérieures d'un tiers à celles des Américains durant la seconde Guerre mondiale, 618000 contre 407000, pour une population sept fois moins nombreuse. Le génie militaire du Général Lee, la fougue de Stonewall Jackson ou de Beauregard, l'audace des forceurs de blocus, la témérité des raids de cavalerie, l'héroïsme des femmes sudistes ne pourront rien contre la supériorité écrasante du Nord et sa volonté de conquête. Le Sud, moins peuplé que la Suisse d'aujourd'hui, succombera sous le nombre.

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